3 questions à… Kumaran Deiva
Neuropédiatre, coordinateur du Centre national de références des maladies neuro-inflammatoires de l’enfant (Cnrm-Nie)
1. La SEP de l’enfant est-elle fréquente ?
Tout d’abord, il faut définir ce qu’est la SEP de l’enfant. Classiquement, on parle de SEP de l’enfant dès lors que la maladie survient avant l’âge de 18 ans. La SEP de l’enfant reste une maladie rare. On estime qu’elle représente moins de 2 à 5 % des SEP. En France, son incidence tourne autour de 25 à 30 nouveaux patients par an. Tout comme la SEP de l’adulte, la SEP de l’enfant aurait une origine multifactorielle, avec un mélange de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux (tabagisme passif, obésité, carence en vitamine D, infection à certains virus comme le virus Epstein-Barr…). Chez les adolescents, il semblerait que la puberté, notamment l’apparition des règles chez les jeunes filles, soit plus ou moins associée à la survenue de poussées.
2. La SEP de l’enfant est-elle identique à la SEP de l’adulte ?
C’est une question très importante. Si les mécanismes neuropathologiques qui sous-tendent la maladie semblent globalement similaires (inflammation du système nerveux, atteinte de la myéline), l’expression de la maladie est un peu différente chez l’enfant – en particulier l’enfant de moins de 12 ans – par rapport à l’adulte. Ainsi, la fréquence des poussées est généralement plus importante chez l’enfant que chez l’adulte. En revanche, chez l’enfant, la récupération des poussées semble plus rapide et la progression vers le handicap plus lente.
3. Quels sont les traitements actuellement disponibles et où en est la recherche ?
Les traitements utilisés pour la SEP de l’enfant sont les mêmes que ceux indiqués en cas de SEP de l’adulte, avec une efficacité identique. La recherche est en cours sur le plan immunologique, même si encore trop peu d’études s’intéressent spécifiquement à la SEP de l’enfant. Pourtant, l’étude des mécanismes immunologiques de la maladie chez l’enfant permettrait d’avoir des pistes chez l’adulte. En effet, le début de la maladie étant précoce, les mécanismes immunologiques initiaux de la SEP pourraient être mis en évidence. Comme il s’agit d’une maladie rare, nous sommes en train de monter un travail européen de collaboration pour accélérer la recherche.